Le mot ; rat.

Publié le par l'art pense.over-blog.com


Pour comprendre les subtilités de la langue française plongeons nous dans « la grammaire logique » de Jean Pierre Brisset, saint Pataphysicien. Dans cette grammaire, nous voyons que le mot rat est lié à la sexualité masculine, la souffrance et la mémoire :

« L’ancêtre ne voyait que son sexe, il le voyait partout ; partout c’était la queue qui le frappait. Le mot rat, re a désigna le sexe mâle et le premier qui vit un rat n’en vit que la queue. Quel re a ! Quel rat ! Le rat doit donc son nom à sa queue démesurée. Le rat bat ! – Rabats-le. Et nous avons l’origine du rabat. Je vais te le rat battre. J’avais rat battu, rabattu. J’ai le rat beau t’ai, je vais te le raboter. Ce rat corde ai, ils vont se raccorder. Le rat frémit, je le raffermis. En rat j’ai, je suis enragé. Je le rat longe, je le rallonge. Y rat mol ist, il ramollit. C’est un vieux rat, mol ist, c’est un vieux ramolli. Au rat, au raton le tends ! Aura-t-on le temps ? (…) La chose dont on se rappelle le plus profondément (…) C’est le pelage du rat, le dépouillement du prépuce. Comme l’ancêtre était surpris par de violentes érections, son rat pelait, se couronnait peu à peu, pape, et il en éprouvait des souffrances analogues à celle de la vierge déchirée par le rat pelant. Aussi l’expression : je m’en rappelle est-elle une des plus enracinées dans l’âme française (…) Plus tard les enfants des hommes, les gamins se pelèrent le rat et ceux-là disent : je me le rat pelle, je te le rat pellerai. Ils se rappellent leur enfance ; mais l’enfance de l’humanité, ils ne s’en rappellent pas ».

Selon Claude Lévi-Strauss, les mythes se pensent entre eux ; la pratique de Brisset conduit les mots à jouer entre eux, à se penser les uns les autres. Des liaisons se pensent ici, fonctionnent les unes par rapport aux autres. Des termes, des figures se branchent les uns sur les autres, mais pas n’importe quels termes ou figures, pas n’importent quels branchements, jouent ici entre elles, des continuités ; rat-phallus, rat-érection, rat-débandade, rat-souffrance, rat-déchirure, rat-mémoire, rat-enfance, rat-origine.

La souricière C Mellan

  Claude Mellan (1598-1688) La Souricière, pointe-sèche et burin. Bibliothèque municipale de Lyon.


Divagations du « prince des penseurs », non ces divagations trouvent dans l’histoire de l’art d’étonnantes illustrations. Lorsque le phallus est perçu comme rat, le sexe de la femme apparaît comme piège. Claude Mellan (1598-1688) dessine une souricière derrière une femme que d’indiscrets putti semblent préparer à la pénétration. L’un d’eux aux cheveux crépus, ange sombre, lui écarte les jambes. La sexualité est ici désignée comme maléfique, la féminité comme périlleuse. Le sexe de la femme, dont Vladimir Vélickovic nous expose la béance, est signalé comme dangereux. Abîme, gouffre, piège, bouche qui mord coupe et mange. La souricière comme menace que redoutent les hommes, et comme appréhensions qu’éprouvent certaines femmes face à leur féminité. Jean Paul Sartre parle, « d’une bouche vorace pour avaler le pénis ».

Le sexe féminin trouve deux métaphores liées aux muridés, à la fois gueule de rat agressive et dans le même temps ratière.

« Alors je vis l’ingénue, qui (…) m’indiquait d’un geste obscène le porche de ses cuisses. Je compris que par ce geste elle me montrait la seule issue par laquelle je pouvais encore sortir de la chambre (…) (plus tard) je me rappelais seulement un bon, une ascension, rapide et cette chute vertigineuse à travers les replis d’une matrice dont les méandres indéfiniment multipliés n’avaient conduit jusqu’ici. »

Les mots sans mémoire, Michel Leiris.

La souricière de Claude Mellan ne peut être qu‘en rapport avec la sexualité féminine.

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C
<br /> merci d'indiquer le crédit de la Bibliothèque municipale de Lyon pour la gravure de Claude Mellan<br /> CG<br /> <br /> <br />
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